Illustration vivante de l'héritage de la pensée de Cheikh Anta Diop, l'égyptologue Théophile Mwené Ndzalé Obenga est né à Mbaya (République du Congo) le 2 février 1936.
Égyptologue mais aussi philosophe, linguiste et historien, cet érudit dans les sciences africaines qui a consacré sa vie à défendre une relecture de l'histoire et des sciences de l'Afrique noire telle qu'enseigner par l'occident, compte aujourd'hui encore parmi les intellectuels les plus éminents du continent.
C'est à Brazzaville dans un collège catholique privé, qu'enfant, Joseph Théophile Obenga effectuera son cycle secondaire.
De ce collège, il retiendra l'accent mis sur la loyauté, le travail, la rigueur mais aussi la discipline dispensée par ses enseignants (hommes d'église).
Il laissera au lycée Victor Augagneur ainsi qu'au lycée Savorgnan à Brazza, le souvenir d'un élève obstiné et consciencieux.
Il obtient son baccalauréat en lettres et après une année dans le même cursus, à l'université de Brazzaville, il s'envole pour Paris en 1959.
Il étudie la philosophie à l'Université de Bordeaux et l'égyptologie en Suisse.
En linguistique historique, Il suit les enseignements de Émile Benvéniste (langues indo européennes, linguistique générale, grammaire comparée ).
Étudiant assidu, il n'en demeure pas moins qu'il reste un jeune homme noir au cœur des années 60. Années des indépendances en Afrique, où le bouillonnement et l'effervescence intellectuelle se fait ressentir jusqu'en France.
Sensible à la situation, il est sensible à la cause.
Son ami Joseph Mboui, jeune et brillant étudiant intellectuel avec qui il partage cette sensibilité, l'oriente vers l'ouvrage "Nations Nègre Cultures" d'un certain Cheikh Anta Diop, historien alors presenté comme très subversif dans les universités françaises de l'époque.
Tout d'abord réticent, le jeune Théophile se laisse timidement tenter par la lecture de ce livre, sans se douter qu'il vient de prendre le virage qui sera assurément pour lui le plus décisif dans son parcours scientifique.
Epris d'un intérêt certain par les révélations et les nombreuses découvertes qu'il y fait au fil des pages, il n'est pas indifférent à l'angle de vue de Diop qui y dénonce clairement une falsification de l'histoire de l'Afrique en s'appuyant sur des éléments factuels et indiscutables.
Son esprit scientifique l'amène à vérifier les dires de l'historien ainsi qu'à éprouver ses théories mais le résultat est sans appel et les faits sont là, l'homme est dans le vrai.
Fort de ce nouveau prisme, l'étudiant n'en est pas moins confronté au positionnement de ses compagnons universitaires qui accordent alors, un crédit inconditionnel à l'idée que la pensée scientifique européenne, se fait de l'Afrique.
(Ou quand l'autorité fait loi.. )
De cette prise de conscience naît un déclic, à 30 ans Obenga renonce à la philosophie pour intégrer la Sorbonne où il étudiera désormais l'Histoire.
En 1969, Il présente son premier essai intitulé "Afrique dans l'antiquité", Cheikh Anta Diop en signe la préface et les deux hommes seront présents au colloque qui sera organisé à Paris pour cette occasion.
La qualité de l'écrit est honorée et fait grande sensation dans les universités françaises.
En 1970, il regagne la terre mère.
Conscient des divers centres d'intérêt qui l'ont porté jusque là, il décide de soutenir une "thèse sur travaux", synthétisant ainsi ses multiples connaissances.
Les enseignements qu'il donne à la faculté de lettres de Brazzaville portent sur l'égyptien ancien ainsi que sur la linguistique.
Dans une suite logique en 1974, lors du fameux "Colloque du Caire" portant sur "l'écriture Méroïtique", Cheikh Anta Diop et Joseph Théophile Obenga face à un panel de scientifiques européens aussi avertis que sceptiques, détaillent et démontrent que le fruit de leurs déductions reposent sur des éléments fiables et indiscutables, laissant leurs contradicteurs les plus zélés dans un dénuement argumentaire qui fera date dans le monde de la Science.
Il crée la revue "Muntu" par le biais du CICIBA (Centre International des Civilisations Bantu) qu'il dirigera au Gabon (Libreville) de 1985 à 1991. Centre initié par l'effort commun de onze pays d'Afrique anglophone, lusophone et francophone.
1986 est une année sombre pour Obenga, cela s'illustre par la triste perte de son aîné et mentor, Cheikh Anta Diop.
Il soutient cependant sa "thèse sur travaux" et obtient son "Doctorat ès Lettre" avant de rejoindre Brazzaville en 1990/91.
Il partagera aussi son savoir sur les civilisations africaines, à l'Université d'État de San Francisco en Californie.
Sa revue intitulée "Ankh", suscite encore de nos jours, un vif intérêt pour tout public soucieux d'apprendre et de comprendre l'essence fondamentale de l'histoire noire Africaine.
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